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Pan sur la plume

 

 

 

 

Voici un article que nous trouvons très intéressant, signé Claire Lefebvre, paru dans la Voix du Nord du jeudi 25 mars 2010

 

La langue française, maltraitée par ses élites

C'est la semaine de la langue française et de la francophonie. Le français est toujours une langue qui compte dans le monde. Face au rouleau compresseur de l'anglais, le français est malmené, notamment par ses élites politiques et économiques.

Si l'on se fie au nombre de ses locuteurs, la langue française n'a jamais été autant parlée. Elle reste présente sur tous les continents, se situe parmi les dix premières du monde. Et elle demeure le fer de lance de la diversité linguistique dans le monde. Pourtant, dans la bouche de nos élites, sa santé inquiète.

Comment va vraiment notre langue ? Quand le langage du président (« Casse-toi pauv'con ! ») est un symptôme du « parler vrai », accessible et populaire, qui déferle dans toute la classe politique.

Quand, même à l'ONU, où le français est pourtant une langue de travail, les responsables francophones préfèrent s'exprimer dans un anglais imparfait, mais conforme à celui de l'élite mondialisée.

Quand cette « néolangue » parlée en haut-lieu résonne sur toutes les lèvres. Des écoles de commerce, où on habitue les cadres au « high potential » des managers. Au « Time to move ! », nom du programme de mutations imposé par France Telecom à ses salariés. En passant par les tarifs Prem's de la SCNF.

Nouveaux gardiens ?

Quand les ouvriers de Continental-Clairoix, réunis dans la cour de leur usine, apprennent en anglais leur licenciement collectif. Fin du « dialogue » social...

Quand les journalistes - en passant par votre serviteur - usent de formules toutes faites et « décryptent » tous azimuts. Comme si, face à la complexité d'une réalité qui nous dépasse, les mots pour la dire nous étaient dérobés ?

Comme si la langue, et tout ce qu'elle représente - lien, identité, citoyenneté - était un héritage désuet et encombrant, juste bon pour la poussiéreuse Académie française ou la méconnue Délégation à la langue française.

Dans cette page, chacun en prend donc pour son grade ! Alors, prêt à devenir les nouveaux gardiens du français ?